Réduire la culture au simple divertissement et puis déclarer un projet de réduction de budget du ministère des Affaires culturelles pour l’année 2021, alors qu’il n’y a même pas de ministre à la tête de cette institution pour défendre la bâtisse et les derniers remparts contre l’obscurantisme… Des actes qui donnent des frissons…
«Et si les gens de la culture faisaient grève ? Il ne se passerait rien! Les gens continueront à manger leur pain quotidien. Bon alors, pourquoi un ministère ? Pourquoi tant d’argent gaspillé ? Tiens, ce ministère est actuellement «annexé» à celui du Tourisme… Puisqu’il y a un concept qui s’appelle tourisme culturel après tout! Voilà, il suffit de créer une cellule de divertissement au ministère du Tourisme et une autre pour les objets du patrimoine et c’est tout. Et puis, sincèrement, il se passera quoi ? Les gens de la culture ne manifesteront jamais dans la rue et ne bloqueront pas de route. Ils ont bien accepté Walid Zidi sans lever le petit doigt, ils nous passeront bien une réduction de budget et une annexion au ministère du Tourisme ! Cela vous étonne qu’une telle conversation se tienne dans les cabinets de nos brillants décideurs politiques ? Cela vous étonne après que le chef du gouvernement, lui-même, a réduit la culture au divertissement. Mais c’est ainsi que toute la classe politique considère la culture depuis la révolution! Aucun parti politique d’ailleurs n’a un programme culturel dans sa besace.
Voici que quelques jours après la déclaration, qui met la culture et le divertissement dans le même sac, nous avons droit à un projet de réduction du budget des Affaires culturelles. Et cette fois, nous avons enfin une réaction. Celle de la Fédération générale de la culture (Ugtt) qui a rejeté (dans un communiqué) cette décision et a même appelé les représentants du peuple et les différents acteurs culturels à «faire front» à ce projet. Mais pas de grands remous dans les structures professionnelles de la culture jusque-là… Les grandes locomotives de la culture en Tunisie n’ont pas encore réagi… Elles ont désespéré peut-être. Mais au-delà de la réduction du budget et ses terribles répercussions sur les institutions culturelles et sur le climat général dans le monde de la culture, il y a une question qui n’est pas encore posée depuis que le gouvernement Mechichi a vu le jour : quelle est notre politique culturelle aujourd’hui ? Les humeurs de Walid Zidi et ses empoignades avec le chef du gouvernement, puis ses maladresses répétées ont vraiment dilué cette véritable question. Il est clair qu’aujourd’hui ce ministère constitue un boulet pour ce gouvernement et que la Tunisie n’a aucune vision sur la politique culturelle à suivre. Mais le gouvernement a-t-il vraiment la volonté de mettre sur pied une politique culturelle? On a l’impression que la culture est passée du statut de l’atout à celui de la tare. Personne ne semble prêt à déclarer un vrai projet pour ce ministère… Le vrai problème de la culture en Tunisie ce sont ses politiciens.